« Le poireau sort la tête de l’eau »

Le poireau va dérouler son jeu sur une pelouse garnie d’épines. Le Pays de Galles affronte, en effet, l’Ecosse et son pack au chardon, pour entamer le Tournoi des Six Nations, samedi 3 février. Même si les supporteurs gallois brandissent avec fierté ce symbole légumier de la principauté, ils n’ont pas le monopole de la culture de cette plante herbacée. De l’autre côté du Channel, il est tout autant prisé.
De la région nantaise, du Centre-Val-de Loire, en passant par la Normandie, les Hauts-de-France ou la Bretagne, les champs de poireaux couvrent plus de 5 400 hectares. Selon le bulletin d’information publié, mercredi 31 janvier, par le ministère de l’agriculture, les maraîchers sont plutôt satisfaits. La production de ce légume devrait bondir de 10 % par rapport à l’année précédente, pour atteindre, en fin de campagne 2023-2024, 170 400 tonnes. Les conditions météorologiques quasi estivales qui se sont prolongées jusqu’à début octobre 2023 ont favorisé la pousse accélérée.
A l’exemple de beaucoup de cultures maraîchères ou fruitières, les agriculteurs jouent sur le défilé des variétés pour étendre le calendrier et proposer ce légume toute l’année. Même si la pleine saison s’entend de septembre à avril, quand les gourmands le dégustent tiède en vinaigrette ou brûlant en potages revigorants… la gamme va du poireau primeur printanier à son solide cousin prêt à affronter hiver et frimas. Ce légume résistant n’hésite pas à poireauter dans les champs.
Cet hiver, les pluies persistantes, et la tempête Ciaran en novembre 2023, ont toutefois perturbé les arrachages. Un souci pour les producteurs touchés, mais une aubaine pour les autres. Face à ces aléas, et à une disponibilité plus réduite du produit, le prix du poireau s’est raffermi. Un soulagement, quand en septembre il plongeait. Résultat, en décembre de l’année passée, le légume vert et blanc se monnayait à un niveau 20 % supérieur à la moyenne comparée des cinq dernières années. Le poireau sort la tête de l’eau.
Mais même si la culture du poireau est bien enracinée dans le pays, elle ne suffit pas à satisfaire tous les appétits. La France en a importé 13 483 tonnes entre janvier et novembre 2023. Devinez de quelle contrée en priorité ? Un indice pour les fins limiers : c’est celle du célèbre détective Hercule Poirot, bien évidemment. La Belgique nous en a livré 8 471 tonnes. Vient ensuite l’Espagne avec plus d’un millier de tonnes, alors que l’on en exporte trois fois plus dans ce pays. Même si la balance commerciale du poireau est légèrement déficitaire, elle ne va pas mettre à mal notre souveraineté alimentaire…