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Face au Pays de Galles, le XV de France compte sur de nouvelles têtes pour montrer un meilleur visage

Pour les supporteurs du XV de France, l’édition 2024 du Tournoi des six nations a de quoi raviver les douloureux souvenirs des années 2010. Incapables de se renouveler et de se mettre au niveau des meilleures nations de la planète, les rugbymen tricolores ont traversé la décennie sans coups d’éclat. Jusqu’à l’arrivée de Fabien Galthié en 2019. Si le premier mandat du sélectionneur s’est longtemps déroulé comme dans un rêve, le réveil a été brutal face aux Sud-Africains en quarts de finale du Mondial 2023.
Depuis, les Bleus peinent à se relever. Loin du compte contre l’Irlande, miraculé face à l’Ecosse et franchement inquiétant lors du duel face à l’Italie (13-13), le XV de France présente les symptômes d’une équipe fébrile. C’est dans ce contexte qu’il se présente au Principality Stadium de Cardiff, dimanche 10 mars à 16 heures, pour affronter le Pays de Galles, autre nation malade, qui occupe le fond du classement du Tournoi avec trois défaites en autant de rencontres.
Les espoirs de titre déjà envolés, les Français ont maintenant un objectif : éviter de s’enfoncer dans la crise. « Ma seule satisfaction, c’est quand nous gagnons les matchs, a admis l’entraîneur de la conquête, Laurent Sempéré, plus tôt dans la semaine. Aujourd’hui c’est difficile pour nous. » Des mots rappelant ceux du sélectionneur Fabien Galthié, qui avait reconnu que son équipe était « dans le dur » quelques minutes après le match contre l’Italie.
De quoi fragiliser la position de l’entraîneur ? Il « n’est absolument pas en danger », a balayé le président de la Fédération française de rugby (FFR), Florian Grill. La durée de son contrat – jusqu’en juin 2028 – conjuguée aux difficultés financières de la FFR, rendent assez improbable une soudaine éviction de l’ancien demi de mêlée.
« Il est arrivé en sauveur et a eu des résultats tout de suite, note l’ancien talonneur des Bleus Sébastien Bruno, membre du staff du XV de France aux côtés de Galthié en 2019. Depuis quelque temps, il est plutôt dans l’échec, on va voir s’il a les ressources pour sortir de cette situation. La pression est soudainement multipliée par dix dès que les victoires ne suivent pas. Et il faut être costaud pour ne pas partir en vrille. »
Pour tenter de stopper la spirale négative, le sélectionneur a été contraint de se réinventer, lui qui n’est pas réputé pour être un grand amateur de changements, que ce soit dans la méthode ou dans les compositions d’équipe. Après une semaine de repos – « qui a fait beaucoup de bien » selon le centre Gaël Fickou –, les joueurs se sont retrouvés au centre d’entraînement de Marcoussis (Essonne), mais ont eu la surprise de ne pas connaître les titulaires du week-end dès la séance du mardi, comme ils en ont l’habitude.
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D’après Laurent Sempéré, cette décision n’a pas été prise pour « recréer de la concurrence », mais pour « maintenir le groupe en vie ». « On n’a pas voulu brouiller les pistes, a abondé l’entraîneur des avants, William Servat. Au contraire, c’était pour nous retrouver. On avait surtout besoin d’avoir une forme d’émulation interne. »
Résultat, c’est une nouvelle version du XV de France qui se présentera dans l’ambiance surchauffée du Principality Stadium. Frileux à l’idée de se passer des joueurs l’ayant accompagné durant son premier mandat – et limitant ses changements du début de Tournoi aux postes laissés vacants par les absences – , Fabien Galthié a cette fois revu en profondeur son groupe.
L’arrière du Stade français Léo Barré fera ainsi ses premiers pas en sélection, tout comme le centre bordelo-béglais Nicolas Depoortère ou le deuxième-ligne toulousain Emmanuel Meafou, alors que le demi de mêlée du Racing 92, Nolann Le Garrec, connaîtra sa première titularisation. Il sera associé à la charnière à l’habituel arrière, Thomas Ramos, décalé à l’ouverture en raison de la blessure au genou de Matthieu Jalibert.
« Parfois, le changement fait du bien, estime Gaël Fickou, qui conserve sa place de titulaire après avoir essuyé son lot de critiques en début de compétition. Le groupe a besoin d’être stimulé. De se remettre en question aussi. C’est le jeu. Ça fait longtemps que je suis là et on attend toujours que je sois à mon meilleur niveau, que je sois le joueur qui perce, qui brille… »
Toujours privés d’Antoine Dupont, les Tricolores pourront au moins compter sur le retour de leur capitaine de substitution, le troisième-ligne Grégory Alldritt – remis d’une blessure à la cuisse. « Notre nouvelle génération bénéficie des grands qui nous entourent, explique Nicolas Depoortère. Que ce soit en club ou dans le XV de France. Nous sommes toujours bien intégrés et du coup nous avons confiance en nous, et nous pouvons bien nous exprimer. »
Le centre de 21 ans aura la lourde mission de suppléer le surpuissant Jonathan Danty, suspendu pour la rencontre après son exclusion face à l’Italie. Faire preuve de discipline sera d’ailleurs l’une des tâches des Bleus à Cardiff, eux qui ont dernièrement pris la mauvaise habitude d’enchaîner les cartons. « On se tire une balle dans le pied à chaque fois », résumait le pilier Uini Atonio suite au duel avec les Azzurri.
Les Français devront également retrouver l’efficacité qui avait fait leur force ces dernières saisons, alors qu’ils n’ont marqué que cinq essais en 2024. Pour y parvenir, ils pourraient être inspirés de fouiller dans les archives et se souvenir des précédentes confrontations face aux Gallois : depuis le début de l’« ère Galthié », ils sont toujours venus à bout du XV du Poireau (cinq victoires).
Valentin Moinard
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